Depuis le 16 mars dernier, la France est en période de confinement. Alors que beaucoup connaissent des difficultés face à cette situation sanitaire inédite, la planète elle, nous remercie. En effet, un grand nombre d’indicateurs nous font remarqué que la baisse d’activité de la population française entraine des améliorations en terme de pollution mais aussi quant à la qualité de l’air extérieur.
Pour répondre à cette question que chacun se pose le CEDS a fait le choix d’interviewer Monsieur Jean-Luc Fugit, député du Rhône depuis juin 2017 et Président du Conseil National de l’Air depuis juillet 2018. Cet homme a de multiples expériences dans le domaine du développement durable et de l’environnement, puisqu’il fût notamment Membre et Secrétaire de la Commission permanente Développement Durable et Aménagement du Territoire à l’Assemblée Nationale, Membre du Conseil National de Transition Ecologique et Co-Président du groupe d’étude du Santé-Environnementale de l’Assemblée Nationale.
Il met dans cette interview en évidence les effets du COVID-19 et du confinement sur la qualité de l’air en France.
1) Depuis le 16 mars la France est en période de confinement, quel est l’impact sur la pollution de l’air extérieur ?
Les mesures effectuées depuis le début du confinement par l’INERIS et les Associations Agréées de Surveillance de la Qualité de l’Air (AASQA) montrent, dans les plus grandes villes de France, une baisse de l’ordre de 50 % en moyenne des concentrations d’oxydes d’azote, dont les émissions en « temps normal » sont dues pour les deux tiers au transport routier à énergie fossile (diesel et essence). Pour ce qui concerne les concentrations de particules fines suivies lors de cette période de confinement, les mesures effectuées ne permettent pas de mettre en évidence une amélioration de la qualité de l’air pour ce polluant. En « temps normal », le trafic routier est responsable d’environ 20 % des émissions de particules fines dans l’air extérieur ; naturellement ces émissions sont à la baisse avec la réduction actuelle du trafic routier, mais pour les autres principales sources d’émission (chauffage au bois non performant, agriculture, industrie, …) de ces particules, de légères augmentations ont été observées sur cette période.
2) Pouvez-vous nous parler des interactions entre pollution de l’air et COVID-19 ?
A ce stade de l’état des connaissances, il est nécessaire de bien distinguer les deux questions qui se posent :
- Quel impact de la pollution de l’air sur la résistance au COVID-19 ?
L’impact sanitaire de la pollution de l’air de proximité (oxydes d’azote, particules fines, ozone…) est avéré depuis de nombreuses années et plus généralement dans les zones plutôt densément peuplées. Une exposition chronique à la pollution de l’air est susceptible, entre autres, de fragiliser le système respiratoire et donc de faciliter l’apparition de pathologies. Il est donc raisonnable de penser qu’une corrélation puisse être mise en évidence entre la pollution de l’air et une fragilisation du système respiratoire face au COVID-19.
- Quel impact de la pollution de l’air sur la propagation du COVID-19 ?
A ce stade aucun lien de cause à effet n’a été démontré entre pollution de l’air (plus particulièrement celle due aux particules fines) et propagation du virus, comme le soulignent de récentes publications d’organismes scientifiques : contributions de spécialistes italiens des aérosols, de spécialistes japonais de maladies infectieuses, du Haut Conseil de la Santé Publique français… Des travaux complémentaires, incluant des inter-comparaisons entre résultats issus de plusieurs équipes de recherche, sont donc nécessaires pour approfondir cette question. La poursuite de ces recherches demande donc du temps et beaucoup de rigueur scientifique y compris dans la présentation médiatique qui en sera faite.
Biographique de Jean-Luc Fugit
Mandat politique
- Elu député du Rhône (11ème circonscription à la fois urbaine et rurale) le 18 juin 2017 – Membre du groupe LaREM de l’Assemblée Nationale
- Membre et Secrétaire de la Commission permanente Développement Durable et Aménagement du Territoire de l’Assemblée Nationale
- Président du Conseil National de l’Air depuis Juillet 2018
- Membre de l’OPECST (Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques)
- Membre du Conseil National de la Transition Ecologique
- Co-Président du groupe d’études Santé-Environnementale de l’Assemblée Nationale
- Co-Rapporteur de la mission parlementaire d’information commune sur le suivi de la stratégie de sortie du glyphosate
- Rapporteur de la Loi d’orientation des mobilités Titre III « Développer des mobilités plus propres et plus actives »
- Vice-Président du Groupe d’études « Hydrogène » de l’Assemblée Nationale
- Membre de la Mission d’Information sur les perturbateurs endocriniens présents dans les contenants en plastique
- Membre de la mission d’information sur l’incendie d’un site industriel LUBRIZOL à Rouen
- Co-rapporteur de l’étude OPECST sur la production d’énergie dans le secteur agricole
- Rapporteur OPECST sur les sujets Spatiaux (des lanceurs aux applications satellitaires)
- Membre de la Commission d’enquête sur l’alimentation industrielle : qualité nutritionnelle, rôle dans l’émergence de pathologies chroniques, impact social et environnemental de sa provenance
- Ambassadeur France Mobilités
- Membre des groupes d’amitié France/Portugal et France/Nouvelle-Zélande
Formation et Parcours professionnel
- Docteur en pollution de l’air (INP Toulouse), Ingénieur chimiste de l’ENSIACET (Toulouse)
- Enseignant-chercheur en Chimie (COMUE de Lyon – Saint-Etienne) En disponibilité depuis septembre 2017.
- Vice-Président d’Université en charge de l’insertion professionnelle, de l’orientation, et de la réussite étudiante (de 2011 à 2017)